Derrière LES SOIGNANTES #3

Derrière les soignantes, il y a Charlotte 26 ans, infirmière au Centre Hospitalier Annecy Genevois. Charlotte est originaire de Tours (37), elle déménage sur Annecy l’année de ses cinq ans. Une dizaines d’années plus tard, elle passe un bac Eco et s’oriente vers un parcours en Sports/Etudes afin de devenir kiné. Mais la durée et la complexité des études la réoriente dans le paramédical. Fille et petite-fille d’infirmières, c’est encouragée par ses proches, qu’elle entamera des études à l’école d’infirmières de Chambéry (73) en 2014. À la sortie, elle est recrutée à l’hôpital d’Annecy et débute sa carrière où elle continue d’exercer aujourd’hui. Nous avons demandé à Charlotte comment elle gérait la situation actuelle :

Je ne regarde pas les infos, enfin je ne les regarde plus afin d’être concentrée sur mon travail et de ne pas alimenter le stress.

Avant le mois de février 2020, elle regardait de loin cette épidémie apparentée pour elle, à une grippe plus commune donc gérable quoi qu’il en soit. Même si plusieurs suspicions se sont manifestées rapidement sur Annecy, elle a vraiment pris la mesure de l’épidémie lorsque le gouvernement a annoncé le confinement du territoire. Aujourd’hui, au sein des urgences de l’hôpital, elle nous explique vivre avec une certaine angoisse au travail.

J’ai du mal à dormir, je fais des cauchemars et ça tourne dans ma tête 24h/24h.

Comme sa consœur Romane que nous venions d’interviewer un peu plus tôt dans la semaine, elle voit elle aussi de grosses détresses respiratoires arriver aux urgences… Il y a quelques semaines, en Italie, 50 à 60 % des cas admis en réanimation ne se réveillaient pas, ça fait une personne sur deux, nous explique-t-elle, cette statistique est plutôt anxiogène quand on voit des patients très atteints arriver.

Par ailleurs, Charlotte nous indique être particulièrement touchée par les boulangers qui livrent des viennoiseries, les restaurateurs aux petits soins et tous les autres gestes de soutien à l’égard du personnel soignant. Elle souligne qu’en temps normal, l’accueil aux urgences est déplorable en raison des faibles moyens et que le service soignant est en première ligne des reproches, critiques, remontrances des patients lors de la prise en charge désastreuse. Malgré tout cela, en cette période compliquée, le fait de se sentir soutenus, reconnus et qu’il y ait une vrai prise de conscience de masse, la touche particulièrement.

Nous lui avons également demandé ce qu’elle voulait dire spontanément à nos lect.rice.eur.s.

Je sais que le confinement n’est pas facile, ce n’est pas rigolo, mais il n’est pas à prendre à la légère donc merci de rester chez vous.

Comme beaucoup de ses collègues, elle espère que, suite à cette crise, les gens continueront de soutenir le personnel soignant jusqu’à ce que le gouvernement « lâche » enfin ce dont ils ont véritablement besoin.



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