Derrière LES CRABETTES

Derrière Les Crabettes Atelier Créatif, il y a Sylviane Meunier, une femme inspirante et tournée vers les autres qui a besoin de faire du bien autour d’elle.

Il y a 12 ans, Sylviane, cadre dirigeante, se fait diagnostiquer un cancer du sein. La femme active qu’elle était se retrouve alors complètement désœuvrée et démunie face aux traitements agressifs qu’elle suit. N’ayant jamais été malade auparavant, elle n’imaginait pas la manière dont cela pouvait mettre à plat.

Pendant cette période, ses pensées tournaient en boucle sur la maladie et son esprit n’était jamais au repos, parasité en permanence par tous les aspects négatifs.

Cependant, Sylviane a découvert un moyen pour « se mettre en mode pause »: pratiquer une activité manuelle créative.

Elle a donc décidé, après cette prise de conscience, de créer l’association Les Crabettes. Elle la veut comme un lieu d’expression artistique pour des femmes qui traversent l’épreuve de la maladie et font face à l’après-combat contre le cancer. En effet, la rémission est une période très difficile.

Ce que Sylviane souhaite, c’est que ces femmes puissent s’exprimer sans jugement (jugements qu’elles peuvent ressentir liés à la chimio, la perte de leurs cheveux et parfois leur mastectomie). Il n’y a pas non plus de contrainte: certaines peuvent être fatiguées, avoir “un coup de mou” lors d’une activité. Elles peuvent alors faire des pauses quand elles en ont besoin.

“Pour l’avoir vécu, je sais l’appréhender. Je sais ce qui se passe dans la tête des personnes que je reçois.” m’explique Sylviane.

Le but de ces activités est d’évacuer l’angoisse liée à la maladie. Les femmes qui viennent ne parlent absolument pas du cancer.

“Quelques-unes ont besoin de s’exprimer et je parle alors avec elles, mais, de manière générale, les conversations et l’ambiance sont relativement joyeuses” me précise-t-elle.

Des ateliers à thèmes sont proposés chaque mardi après midi de 14h à 17h30/18h. Origami, peinture, pyrogravure, mosaïque, collage, bricolages divers …

Les ateliers sont indiqués jusqu’à la mi-juin sur le site. Si ce qui est proposé ne leur convient pas mais qu’elles souhaitent quand même venir, une rubrique intitulée “atelier à la demande” est présente et propose encore une quinzaine d’ateliers qu’il suffit de choisir.

Les ateliers sont accessibles à toutes et de tous les niveaux. Certaines finissent plus tôt et prennent un thé, un gâteau… L’ambiance est très conviviale.

Le but n’est pas de réaliser une œuvre d’art mais vraiment de s’autoriser un moment de lâcher- prise. Cependant Sylviane met un point d’honneur à ce qu’elles repartent avec quelque chose de sympa, un objet décoratif, quelque chose qu’elles vont pouvoir offrir.

Les ateliers sont guidés par des animatrices qui sont bienveillantes et qui ont été sensibilisées à la maladie.

D’autres animatrices spécialisées dans un domaine (profs de peinture, etc) viennent enseigner bénévolement lors des ateliers.

“La semaine prochaine, j’ai une dame qui veut faire de la peinture et une dame qui veut faire une guirlande d’étoiles en origami et elles n’ont l’une jamais peint, et l’autre jamais fait d’origami. Mais elles vont toutes les deux repartir avec leurs œuvres car elles seront aidées. Nous les guidons, nous prenons le temps” me raconte Sylviane.

« Il y a une espèce de dévalorisation lors de la maladie. Mais lorsqu’elles partent avec quelque chose qu’elles ont fait, quelque chose de beau, cela redonne une certaine valeur à ce qu’elles sont. Certaines, lorsqu’elles arrivent, pensent que 3h/3h30 ce sera très long et en repartant, elles disent qu’elles n’ont pas vu le temps passer, qu’elles ont vraiment déconnecté et que c’était que du plaisir ! Ce retour là, c’est ce que j’attends, c’est vraiment du bonheur pour moi si j’ai réussi pendant trois heures à créer une sorte de pause et à leur procurer un petit moment de soulagement. Quelque chose de sympa par rapport à leur maladie. » me confie Sylviane.

Lorsqu’elle même était malade, Sylviane était révoltée de ne rien trouver sur Annecy, aucune association…

Depuis, la situation s’est un peu améliorée, mais il y a douze ans, elle était tellement en colère qu’elle s’était dit : «Quand je pourrai, quand j’aurai les moyens et quand j’aurai le temps, je ferai quelque chose ».

Elle a négocié un virage à 180 degrés par rapport à sa carrière, à ce qu’elle était avant. Aujourd’hui, ce qui l’intéresse, c’est juste de pouvoir faire quelque chose pour les autres, de leur faire du bien.

« J’ai besoin de ça : de créer du lien, de la joie, de donner aux autres. Je pense que la maladie change vraiment les gens et aujourd’hui, je pense que je suis quelqu’un qui n’est plus dans le superficiel » m’explique Sylviane.

Elle est à présent dans l’authenticité, beaucoup plus connectée avec ce qui est essentiel à la vie.

« Je pense que tous les gens qui traversent un cancer, forcément, ça les change. Ils n’ont plus du tout le même regard sur la vie, les mêmes ambitions et les mêmes envies ».

 

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